Unique en son genre, tant par son format que par son contenu, le parcours d’accompagnement « Des clefs pour votre projet d’habitat partagé et accompagné » conçu par le réseau HAPA et soutenu par Malakoff Humanis, est officiellement lancé ! Son démarrage en octobre 2020 valide les intentions des partenaires et dépasse les attentes. Récit de deux jours de formation à haute valeur humaine !
Être accompagné pour trouver son chemin
Au-delà du prix, ce qui différencie l’appel à projets du réseau HAPA, c’est le parcours d’accompagnement. Taillé sur mesure pour outiller des porteur.ses de projet dans leurs démarches, il fait figure de boussole dans un paysage quelque peu désertique. En France, la loi ELAN (2018) a donné un nouvel essor aux projets d’habitat dit inclusif mais il n’existe pas de chemin tout tracé, ni aucune carte pour s’y retrouver. Des acteurs toujours plus nombreux se lancent pourtant dans l’aventure… et se heurtent bien vite à une montagne de difficultés. Par où commencer ? Vers qui se tourner ? Comment être pris.e au sérieux ? La rareté des réponses qui existent aujourd’hui augmente la valeur de ce parcours d’accompagnement.
Pour les lauréat.es, les avantages sont nombreux. D’abord, se retrouver entre pairs et partager son expérience dans un cadre bienveillant d’écoute et d’entraide (« enfin des gens qui comprennent de quoi je parle ! »). Ensuite, bénéficier d’un éclairage professionnel pour développer son projet, monter en compétences et lever les freins. Enfin, décloisonner, ouvrir et augmenter la portée de sa propre réflexion en accédant à des outils d’aide à la prise de décision, à des méthodes de développement innovantes et collaboratives.
Réunis pour la première fois le 15 et 16 octobre dernier, les lauréat.es n’ont pas caché leur engouement pour la formule.
“Si l’appel à projet n’avait pas comporté un volet d’accompagnement, je n’aurais probablement pas déposé de candidature. C’est de ça dont nous avons besoin, encore plus que du reste.”
Edith LOUIS de l’Association Française des Traumatisés Crâniens (AFTC) à Montpellier
Et cerise sur le gâteau, la sélection des lauréat.es à l’appel à projets a un effet levier pour leurs autres démarches !
Depuis que le projet est lauréat, c’est magique ! Comme par hasard, des portes qu’on n’arrivait pas à ouvrir se déverrouillent , on nous prête un peu plus l’oreille… C’est déjà une reconnaissance, avant même que le parcours ne commence !
Cécile CODE de La Coloc’ Hippocampe à Saint-Médard-en-Jalles
HAPA quésaco ?
Au programme de ces deux jours d’accompagnement, se connaître et acquérir les bases d’un projet HAPA. Animée par Vanessa COUVREUX CHAPEAU, co-fondatrice de l’association Habit’âge, la séquence faisait la part belle au travail de groupe et à l’interconnaissance.
Comme point de départ, chaque lauréat.e présente son parcours, explique son projet, partage ses espoirs et ses craintes. Le tour de table dévoile une grande diversité de profils et d’horizons : Damien travaillait dans le secteur agricole, Edith vient du milieu du spectacle, Charlotte est psychologue… Malgré leurs différences, la volonté commune d’offrir un choix d’habitat différent aux personnes fragilisées par l’âge ou le handicap sur leur territoire. Après un travail intense de définition et de défrichement des notions, mené notamment grâce à l’intervention d’Hélène LEENHARDT – chercheuse en gérontologie, spécialisée sur la thématique de l’HAPA et coordinatrice du guide repère publié par le collectif Habiter Autrement – ce qui semblait être une planète s’est transformée… en véritable galaxie !
Quelle différence faire entre habitat « participatif », « inclusif », « partagé », « groupé » ? Entre « domicile », « habitat », « logement », « foyer » ? Qu’est-ce qui distingue un « résident » d’un « habitant », un « locataire » d’un « bénéficiaire » ? Les mots valises n’aident pas à clarifier ce (très) vaste champ de notions et le risque existe de voir certains acteurs opportunistes piocher uniquement les concepts qui les intéressent pour ficeler des projets qui ont « le nom et la couleur » mais pas la philosophie de l’HAPA. Face aux tentatives de récupération, le travail de définition est crucial. Comprendre les définitions, c’est être capable de positionner son projet, de lire entre les lignes et d’argumenter. Armés de critères concernant l’espace et l’accompagnement des habitats, les lauréats disposent désormais d’une grille de lecture efficace leur permettant d’identifier leurs propres caractéristiques ainsi que celles des autres porteurs de projets d’habitats, sur leurs territoires.
En dehors des mots, la législation compte aussi ! Les textes règlementaires, les lois, les décrets et les rapports de missions ministérielles sont autant de repères abstraits mais bien réels qui orientent l’action des porteurs de projets sur le terrain. Les connaître aide à reconnaître les tendances à l’œuvre dans le milieu de l’HAPA et à comprendre les problématiques qui travaillent nos dirigeants et nos collectivités. Comme le dit le proverbe, un porteur de projet avisé en vaut deux !
“J’avançais dans mon projet sans avoir conscience que tout ce paysage institutionnel, législatif et politique existait autour de moi. Je vais élargir ma compréhension du domaine.”
Damien DEBRAUWER de la Colocation pour séniors au Pays de Mormal
La vie du processus
Le retour d’expérience sur les maisons Habit’âge permet à tout le monde de revenir dans le concret. Vanessa raconte son cheminement, celui d’un couple attaché à des valeurs fortes qui a réussi à agréger autour de son projet d’HAPA un collectif dynamique et engagé. Le résultat est visible sur les photos : des sourires, des moments de partage, de solidarité et la beauté toute particulière des liens intergénérationnels. En faisant part des hauts et des bas rencontrés pendant la mise en oeuvre du projet, de ses doutes et de ses craintes, la coordinatrice d’Habit’âge montre qu’il s’agit avant tout d’un processus. Le travail collectif et les valeurs sont les meilleurs ingrédients pour réussir à aller au bout des choses. Elle insiste notamment sur les capacités de résilience et d’apprentissage.
“Il ne faut pas surestimer les entrepreneurs qui réussissent. S’ils ont réussi, c’est parce qu’ils sont tombés six fois et qu’ils se sont relevés la septième.”
Vanessa COUVREUX CHAPEAU, co-fondatrice et coordinatrice de l’association Habit’âge dans le Maine et Loire
La deuxième journée : on cogite sec ! Brainstorming, co-développement, travail individuel… Pas de répit pour des lauréat.es en état de concentration extrême ! L’exploration de l’arbre décisionnel les immerge dans les profondeurs d’un océan de possibilités presque infinies. Elaboré par le réseau HAPA, cet outil collaboratif permet de formuler des hypothèses sur chaque thématique phare d’un projet d’habitat : immobilier, mobilités, vie sociale, besoins de soin… L’arbre déploie ses branches, dans une multitude de ramifications qui obligent à se poser toutes les questions nécessaires. De quoi donner le vertige ? Que nenni ! Nos lauréat.es s’approprient la méthode et cherchent d’ores et déjà à appliquer l’arbre à leurs propres projets.
“Je trouve que l’arbre décisionnel est un outil extrêmement intéressant en termes de structuration des besoins.”
Cécile KIRSCH de l’ADAPEI 23 dans la Creuse
Le travail de co-développement qui suit divise la promotion en deux groupes afin que chacun puisse exposer une de ses problématiques aux autres lauréat.es, qui ont un temps donné pour plancher sur le sujet. L’objectif ? Apporter des éclairages et/ou des solutions. Un des nombreux avantages de cette méthode : l’effet-miroir que peuvent avoir les questionnements des autres sur son propre projet. Ethiques, techniques, opérationnelles ou stratégiques, les questions posées par les lauréats sont variées. Elles illustrent à merveille leur souci authentique d’ancrer durablement le projet HAPA dans un territoire, en prenant en compte l’ensemble des parties prenantes, l’implication et le respect du libre choix des habitants. Comment ouvrir son projet vers l’extérieur ? Comment protéger des habitants fragilisés dans leur liberté de choix ? Comment envisager les missions du coordinateur de vie sociale et partagée ? Comment construire un modèle pérenne ? Voici quelques exemples des interrogations posées au collectif. A la clef, des idées à creuser, une vision plus claire des enjeux, des démarches à faire… Et la satisfaction d’avoir pu échanger avec des pairs.
Mais le temps de la cristallisation importe au moins autant que le temps du partage et de la fusion des idées. C’est pourquoi la fin de la formation est consacrée au travail individuel. Se poser pour mettre à plat les acquis de cette première séquence, formaliser à l’écrit, envisager les actions à mettre en œuvre à l’issue de ces deux journées, synthétiser les échanges pour les partager avec son équipe au retour… autant d’étapes essentielles pour que l’accompagnement fasse avancer concrètement les lauréat.es sur leur projet. Le réseau HAPA leur fournit un carnet de bord du parcours. Il comporte les différentes rubriques à remplir pour assimiler la formation et l’intégrer à sa propre conduite de projet. Une vraie feuille de route ! Pas toujours facile de prendre du recul, mais c’est pourtant indispensable.
Et utile pour les tuteurs qui vont accompagner individuellement les lauréate.s pendant toute la durée du parcours et qui disposeront ainsi d’une vision d’ensemble du projet suivi, de ce qui s’y joue et à quel moment. Porteur.ses de projets aguerri.es, les tuteurs apporteront un regard incisif (mais bienveillant) et structurant aux lauréat.es. Ces séances de tutorat individuel sont précieuses car elles personnalisent l’accompagnement et renforcent d’autant plus la qualité d’un parcours que le réseau HAPA a voulu équilibré, entre ouverture et recentrage.
“Désormais, on peut sortir de l’implicite. On a toujours l’impression que notre projet est clair… mais il est clair pour nous, dans notre tête ! Là on va pouvoir expliciter à fond.”
Cécile CODE de La Coloc’ Hippocampe à Saint-Médard-en-Jalles
“Une vraie bouffée d’oxygène”
Vous l’aurez deviné, le bilan de ces deux journées intenses en apprentissages et riches en rencontres est très positif ! Sans parler de la bonne humeur générale, de l’enthousiasme de tous.tes les participant.es et de l’alchimie de groupe qui s’est rapidement formée. En sortant, les lauréat.es valorisent l’émulation créée par la dynamique collective. Se sentir moins seul.es, découvrir que des projets HAPA émergent dans des parcours parfois très éloignés du médico-social (et s’en réjouir), ouvrir son horizon, disposer d’outils faciles à utiliser pour franchir des étapes. En somme, pour tout le monde, cette première séquence a permis de prendre une grande bouffée d’air frais qui redonne de l’énergie et surtout de l’espoir. Car c’est bien cela qui ressort en conclusion : “on se dit que c’est possible, que tout est possible” !
Les projets d’HAPA que chacun de nos lauréat.es porte en soi ou au sein d’une structure – à des stades plus ou moins avancés – ne sont pas seulement des utopies. Ce sont de futurs habitats qui offriront un cadre de vie humain et solidaire à des personnes qui en ont besoin.
Vivement la suite, le 26-27 novembre prochain…